La nostalgie d'après la pluie... FT - Rose.

La nostalgie d'après la pluie...

Au travers la fenêtre de son dortoir, la rouquine pouvait apercevoir les faibles rayons du jour. Ils brillaient si peu ce matin-là, qu'ils peinaient à traverser les épais rideaux rouges de son dortoir. Et à dire vrai, si ces derniers n'avaient pas étaient entrouverts, il aurait été même fort probable que Rose ne réalise pas maintenant que le jour s'était d'ores et déjà levé. Évidement, celui-ci n'avait point besoin d'elle pour le faire, le monde pouvait aisément continuer de tourner ainsi sans qu'elle ait besoin d'en faire partie. Et pourtant, cette simple idée la terrifier suffisamment chaque jour, pour lui donner le coup de pouce dont elle avait besoin pour quitter la chaleur de ses draps et ainsi, affronter le monde - même si le temps grisonnant au dehors lui aurait davantage donné envie de rester sous la couette.

Après un passage éclair à la Salle de bain des préfets, au cinquième étage, Rose avait également fait un crochet à la Grande Salle pour petit-déjeuner - bien qu'en réalité elle s'était simplement contentée de remplir son gobelet - excessivement grand - de café, sans sucre et de piquer quelques tranches de bacons qu'elle avait coincé entre deux toasts avant de filer. Elle n'aimait pas beaucoup traîner ici le samedi matin, pour la simple et bonne raison que la plupart de ses amis dormaient jusqu'à outrance ce jour-là et outre le fait de déjeuner seule, le brouhaha des uns et des autres au fur et à mesure qu'ils venaient s'y installer pour petit-déjeuner à leurs tours, finissaient indéniablement par l'agacer. Alors, quitte à manger seule, autant en profiter pour s'accorder un peu de temps à soi-même ? Emballant finalement son "sandwich" peu diététique dans un morceau de tissu qu'elle avait spécialement prévu à cet effet, avant de le fourrer dans le fond de son sac, la Weasley quitta vivement ce lieu en quête d'un autre on ne peut plus tranquille. La bibliothèque ? Avait-elle d'abord pensé. Mais c'était presque toujours là-bas qu'elle trouvait "asile", un peu de changement ne lui ferait peut-être pas de mal ? C'est ainsi que, sans trop savoir comment, en se laissant porter tout simplement, que ses pas - ou son esprit sûrement - l'avaient poussé à quitter les murs du château. Et tout comme elle avait déjà pu le constater plus tôt, au sommet de sa tour, le temps était franchement maussade à l'extérieur. Les nuages se faisaient plutôt sombres et une légère brume commençait à s'élever au loin. Il était fort probable, que la pluie se mette à tomber en trombe tôt ou tard. Un peu hésitante donc sur le fait de braver ou non une éventuelle intempérie, Rose finit par se laisser séduire par l'insouciance même de cette idée et traversa la cour dans l'espoir d'atteindre le Parc avant la tombée de la pluie.

Apercevant finalement la silhouette des tours du terrain de Quidditch se dessiner juste devant elle, Rose fut tout à coup saisie par la nostalgie. Il n'y avait pas si longtemps encore, elle faisait partie de l'équipe des rouges et or et sans vouloir se vanter, elle ne se débrouillait plutôt pas mal avec une batte entre les mains. Son père en avait d'ailleurs été quelque peu attristé lorsqu'elle lui avait fait part de sa décision de quitter l'équipe. Cela dit, il n'avait même pas cherché à l'en dissuader. Rose était aussi têtue que sa mère, étant donc bien placé pour le savoir, Ronald n'avait guère voulu se lancer dans un débat avec à elle à ce sujet. Pensive, elle se fit soudainement surprendre par les premières gouttes de pluie. Celles-ci furent d'abord douces et légères, comme si elles hésitaient encore à se laisser tomber avant de finalement céder sous le poids de la gravité. Sortant aussitôt sa baguette afin de faire usage d'un sortilège du parapluie, Rose avait emboîté le pas en direction des gradins sous lesquels elle pourrait trouver refuge, avant que son regard ne soit tout compte fait, attirer par une tout autre silhouette qui se trouvait là. Allongé sur l'herbe, fraîchement mouillée par cette pluie qui venait de faire son apparition. Intriguée, Rose s'avança dans sa direction et arriva à sa hauteur au moment où le Serpentard se redressa, littéralement trempé jusqu'au os. À cet instant, la Weasley aurait très bien pu le prendre pour un fou, assis là au milieu du terrain sous une pluie battante, mais la vérité, c'est qu'elle ne put s'empêcher de lui sourire, pas de pitié, mais presque d'envie. Cela lui avait instantanément débloqué un souvenir - ce qui pouvait expliquer la tendresse avec laquelle elle le lui adressa sans même sans rendre compte. Propulser dans un songe qui lui fit alors remonter le temps jusqu'à ce fameux été particulièrement pluvieux - qui s'avérait aussi être le dernier qu'elle avait passé avant d'intégrer l'école - elle se souvient d'une journée en tout point identique à celle-ci. Sombre, brumeuse. Pile le genre de temps à miner le moral d'un enfant. Et pourtant, Hugo avait refusé de l'entendre de cette façon et avait fini, par je ne sais quel miracle, à l'entraîner dehors. Des heures durant, ils s'étaient amusés, eux aussi trempés jusqu'à l'os. Et lorsque enfin Hermione et Ron avaient fini par leur faire entendre raison, ils avaient déjà attrapé froid depuis longtemps. Et malgré tout, c'était sûrement l'un de ses plus beaux souvenirs avec son cadet maintenant qu'elle y repensait.

- Ne sois pas gêné, si je ne prenais pas autant à cœur cet insigne, je ferais exactement la même chose. Lui assura-t-elle en lui pointant du doigt le petit badge de Préfet qu'elle avait soigneusement accroché sur sa robe de sorcier, juste au-dessus du blason qui représentait sa maison. Puis elle écourta légèrement la distance qui demeurait entre eux afin qu'il puisse bénéficier, s'il le désire, de son sortilège (parapluie). Elle ignorait si le fait qu'il ait éveillé en elle, un peu malgré lui, ce doux souvenir lui inspirer tout naturellement de la sympathie à l'égard de ce parfait inconnu ou si, d'une certaine façon, ses joues rougies - probablement par l'embarras de s'être fait surprendre - qui lui faisait éprouver cela. Quoi qu'il en soit, elle lui sourit et semblait tout à fait enclin à partager son parapluie avec celui-ci.

La nostalgie d'après la pluie...

C'était assez fou, quand on y pense, que de se laisser dicter sa conduite par un simple badge, un simple titre. Mais en tant que tel, Rose ne pouvait pas toujours se permettre de faire tout ce qu'elle voulait, ni même de se laisser aller à une petite folie ou deux de temps à autre. De par cet insigne, elle se devait constamment de montrer l'exemple. Peu de gens à l'école, prendrait réellement au sérieux un Préfet qui s'amuserait à flâner sous la pluie ? Ce qui s'avérait bien triste finalement, parce que Rose était presque certaine de pouvoir y trouver là, la même allégresse que dans le souvenir de ce fameux été, de cet instant qu'elle avait partagé gaiement avec son frère Hugo.

Le garçon paru tout à coup un peu surprit en découvrant l'insigne qu'elle lui montrait, comme si, l'espace d'un instant, il avait craint d'avoir enfreint le règlement juste par sa présence ici. Mais avant même que Rose n'était eu le temps de la rassurer sur ce fait, il lui rendit timidement son sourire tout en lui expliquant qu'il trouvait ce temps apaisant.

- Elle peut l'être, c'est vrai. Cela dit, cette brume à des allures un peu lugubre, non ? Dit-elle en regardant machinalement cette dernière alors qu'elle s'élevait un peu plus dans l'air. Cela dit, lorsqu'elle posa à nouveau son regard sur ce garçon qui, avait délibérément choisi de demeurer sous la pluie, le visage lever vers le ciel, se délecter de cet instant comme s'il cherchait de la sorte à recharger ses batteries, Rose y trouva réellement quelque chose d'apaisant finalement avant d'être un peu déconcerté par ce qu'il lui dit ensuite. Pas que le compliment était étrange en soi, c'était simplement assez paradoxal quand on savait qu'elle n'y prenait pas particulièrement soin (de ses cheveux) et que la plupart du temps - à l'exception d'aujourd'hui - ils étaient attachés dans un chignon mal coiffé dans lequel elle y coinçait généralement sa baguette. Et puis, on ne pouvait pas dire qu'elle était vraiment le genre de fille à recevoir une quelconque attention de la part de quelqu'un - d'un inconnu bien moins encore. Ce petit côté Miss Je-sais-tout, qu'elle avait hérité de sa mère, avait le don d'en irriter plus d'un. Et hélas, la plupart des gens ne semblaient voir que cela en elle, alors qu'elle avait, possiblement, autre chose à offrir ?

- Merci beaucoup... Le remercia-t-elle un poil gêné à son tour, ne sachant pas trop si elle l'était, en fin de compte, à cause de ce qu'il venait de lui dire à propos de ses cheveux, ou si la façon dont il venait de plonger ses yeux dans les siens y était aussi pour quelque chose ? C'était assez étrange comme sentiment, d'autant qu'elle n'était pas non du genre à se laisser troubler par qui que ce soit. Comme quoi, il pouvait vraiment y avoir un début à tout.

- Prince ? Répéta-t-elle en leva légèrement un sourcil en l'air, manière peu gracieuse, si vous voulez son avis, de marquer son étonnement. Tout simplement parce qu'elle ne pensait pas entendre ce nom un jour, puisqu'elle était persuadée d'avoir lu quelque part, que cette famille de sorcier - autrefois de sang pur - s'était éteinte à la mort du père d'Eileen Prince. Mais... Peut-être, qu'elle devrait uniquement songeait à changer de lectures que celle qui consiste à lire les Archives, parce que c'était sans doute un peu étrange de retenir ce genre d'information. Alors, elle n'en dit rien de plus.

- Enchanté Arsénius. Rose Weasley, mais je porte aussi le nom de ma mère, Granger. Se présenta-t-elle à son tour avant de se faire "surprendre" une fois encore, par Arsénius qui venait littéralement de faire un bond en arrière après avoir... Eh bien, c'était nébuleux en fait, car Rose n'était pas tout à fait sûre de ces intentions alors qu'il avait tendu une main vers elle. Pourtant, aussi invraisemblable - ou non - que cela puisse paraître, elle avait attrapé cette main de la sienne de peur qu'il tombe sous son mouvement de recul.

- Y a pas mort d'homme... Je crois.  Ajouta-t-elle, l'air taquin dans l'espoir de détendre un peu l'atmosphère.

La nostalgie d'après la pluie...

Lugubre. Le temps maussade, tout comme la brume - ce à quoi Rose faisait bien davantage référence finalement - lui paraissait réellement ainsi dans le sens où elle pouvait avoir une allure fort inquiétante dans la mesure où on ne parvenait pas toujours à distinguer - avec certitude - les alentours au travers elle. Évidemment, tout était relatif. Et les points de vue de chacun pouvaient aisément diverger quant à ce qu'il lui était donné de ressentir, ou non, sous cette intempérie. C'était pourquoi l'un trouvait cela apaisant alors que l'autre, avait la sensation que c'était un peu sinistre. Cet autre, Rose, fut ensuite bercée par une toute nouvelle impression, bien que "sentiment" était peut-être un terme plus convenable pour qualifier l'idée qui venait à l'instant même de germer dans son esprit, à peine Arsénius lui avait-il confirmé son nom. Celle-ci se renforça nettement quand il se pencha légèrement en avant, la tête inclinée dans le même mouvement. Peu de gens de son époque, s'enchanter encore de manière aussi polie en faisant la connaissance de quelqu'un. Bien que ravie, la rouquine commençait sérieusement à s'interroger à son sujet. Était-il vraiment cette personne qu'il prétendait être ? Après tout, suite aux récents événements qui avaient frappé le monde des sorciers, ce jeune homme pouvait être n'importe qui, dissimulé sous une nouvelle identité que lui aurait fourni le Ministère de la magie. Soudain, sous le coup de cette pensée, Rose se saisit imperceptiblement - du moins elle espérait qu'il ne l'avait pas perçu, car il ne s'agissait pas là d'une réelle "méfiance". Disons seulement que, l'idée en elle-même, était assez effrayante.

Cela étant dit, en apercevant finalement le sourire espiègle qu'il lui offrit en retour, comme un écho tout aussi taquin à la propre espièglerie dont elle avait fait preuve précédemment, son semblant de crainte s'évapora aussitôt. Sans compter que, c'était probablement un peu absurde de se faire des idées sur un simple nom et la politesse rare dont il faisait usage. Pas plus que cela faisait indéniablement de lui un voyageur pour autant.

- Pardon. Répondit-elle un peu confuse tout en libérant sa main de la sienne - même si elle avait presque eu envie, avant cela, de le taquiner on ne peut plus. De garder sa main en lui disant que "oui", elle la garderait encore un moment comme ça. Mais étant donné qu'ils ne se connaissaient pas vraiment, ça aurait sûrement été un peu étrange - plus que cela ne l'était peut-être déjà ? J'avais l'intention de monter tout là-haut. Lui confia-t-elle en lui indiquant du regard le haut des tours de Quidditch. Je pensais profiter de cet instant pour être seule avec moi-même, mais si tu souhaites te joindre à moi, je mettrai ma main au feu que, la pluie est bien plus "corroborante" de là-haut. Lui sourit-elle, espiègle à nouveau.

Lé vérité, c'était que, même si elle en ignorait encore la raison profonde - si toutefois il y en avait une - c'est qu'elle ne voulait pas réellement écourter ce moment - pas encore, car il le faudrait bien à un instant donné... Mais il avait éveillé en elle une telle intrigue que, curieuse de nature, Rose espérait en apprendre plus sur Arsénius - cet inconnu qui semblait ne rien vouloir laisser paraître aux premiers abords et qui pourtant, recelait une sensibilité certaine. Il n'y avait qu'à regarder la façon dont il agissait sous pluie battante... Même un aveugle aurait pu s'en rendre compte.

La nostalgie d'après la pluie...

Les relations humaines, c'était vraiment quelque chose de complexe. En une fraction de seconde, le simple fait de rencontrer quelqu'un - que l'on connaît ou non - peut changer votre humeur initiale. Tout comme, en instant, votre avis sur quelqu'un peut lui aussi évoluer. Tout cela pourrait alors dépendre de tellement de facteurs, qu'il valait sûrement mieux ne pas en venir à se poser trop de question à ce sujet. De simplement laisser les choses se faire, sans trop y penser. Comme c'était sans aucun doute le cas maintenant, entre Arsénius et Rose. Tous deux, semblaient véritablement se laisser porter par l'impulsion du moment, et bizarrement, c'était quelque chose qui paraissait nouveau autant pour l'un que pour l'autre. Là aussi, il aurait sans conteste fallu être aveugle pour ne pas s'en rendre compte.

- Je ne peux pas te promettre la lune tout là-haut, mais davantage de pluie, ça je le peux peut-être. Lui sourit-elle.

Son sourire s'élargit davantage lorsque celui-ci accepta de la suivre, tout en ouvrant la marche. Et il s'agrandit on ne peut plus quand il tenta d'essuyer, par la suite, l'une de ses mains sur son pantalon tout aussi mouillé qu'il ne l'était lui-même.

- Alors ça, c'est vraiment cocasse.

Et bien qu'elle essaya dur comme fer ne pas rire à cela, elle ne put s'empêcher d'étouffer un rire gentiment moqueur. Oui, à la fois gentil et moqueur - deux qualificatifs diamétralement opposés et qui pourtant se joignent ici dans une seule et même phrase. Et ce n'était finalement pas si improbable que cela quand on savait qu'il n'y avait réellement aucune méchanceté à travers ce rire.

Arsénius emboîta ensuite le pas en direction de l'une des nombreuses tours qui s'offraient à eux au sein de ce terrain de Quidditch. C'était tellement rare de voir cet endroit aussi désertique - probablement à cause du temps qu'il faisait ce jour-là - que cela emplissait cet instant d'une plénitude plus grande. C'était d'ailleurs assez amusant de se dire que Rose avait réussi à trouver la seule âme qui vive ici - sous cette pluie, dans la brume... Elle aurait très bien pu ne pas le voir, allongée là, sur l'herbe et/ou ne remarquer sa présence qu'une fois arrivé là-haut, au sommet de l'une de ses fameuses tours. Comme quoi, les choses se passaient parfois vraiment de façon étonnante. Ou alors, c'était tout simplement lui qui, même sans le vouloir de prime abord, avait réussi à capter son attention d'une quelconque manière que ce soit. Et tout bien considéré, c'était sans aucun doute cela. Comment pouvait-on passer à côté de lui sans le remarquer ?

Ils débutèrent ensuite leur ascension vers les plus hautes tribunes que pouvait leur offrir ce stade, mais non sans le moindre risque. Bien que plus ou moins couverte, habillée par d'immenses tissus aux couleurs des quatre maisons de l'école, ceux-ci ne s'avéraient point suffisamment épais pour barrer avec efficacité les infiltrations d'eau due à ce tourment des cieux. Rose devait alors se concentrer ardemment pour ne pas glisser tout en maintenant son sortilège du parapluie alors qu'elle mettait un pied devant l'autre, quand soudain... Arsénius vient à nouveau lui tendre la main. Cette fois, en revanche, ses intentions semblaient beaucoup plus claires en le faisant, alors sans même y réfléchir, Rose attrapa fermement celle-ci. Refermant, volontiers, ses doigts autour de sa main glacée par le temps.

- Très avenant, merci.

La nostalgie d'après la pluie...

Main dans la main, c'était presque comme si le feu et la glace s'étaient lancé côte à côte dans une course folle. De par leur simple main, l'une inondée par la chaleur d'un sang chaud qui coulait dans ses veines tandis que l'autre, froide et mouillée venait se mêler à celle de son homologue féminin, le feu et la glace - Rose et Arsénius - semblait déjà pouvoir compter aveuglément sur l'appui, le soutien de l'un et de l'autre. Car si cela n'avait pas été le cas, jamais il ne lui aurait tendu la main. Jamais elle ne l'aurait accepté. Et si on devait remonter encore un poil plus loin dans cette drôle de logique, peut-être, ne serait-elle jamais allée à sa rencontre ? Alors jamais elle ne lui aurait demandé de l'accompagner au sommet de cette tour et jamais non plus, il n'aurait envisagé de la suivre tout là-haut. Alors, peut-être étaient-ils destinés à se rencontrer, tout autant que cette "drôle de logique" commençait à germer comme une certitude dans l'esprit de la Weasley ?

Arrivé au sommet, Rose regarda Arsénius s'émerveiller de la vue, le laissant tranquillement se perdre dans sa contemplation, elle ne réalisa qu'il avait toujours sa main dans la sienne seulement lorsqu'il avait fini par la lâcher. Les portant ensuite l'une après l'autre sur le garde corps en bois, il avait l'air tout à fait serein - comme dans son élément.

- Est-ce que tu t'exprimes toujours ainsi, en laissant volontairement planer une part de mystère ?

C'était réellement intrigant pour Rose, de ne pas toujours comprendre - ou qu'à demi-mot - ce qu'il disait, même si cela ne faisait que lui donner davantage de charme finalement. Aussi, elle ne lui tenait pas vraiment rigueur, car après tout, ils venaient à peine de se rencontrer. Il était donc normal qu'il tienne à préserver son jardin secret. Et ce n'était certainement pas la Weasley qui allait venir empiéter là-dessus, même si elle se devait toutefois de reconnaître qu'elle était indéniablement piqué par la curiosité - si bien que cette dernière la dévorer un peu plus de l'intérieur à chaque instant passé auprès de lui.

- Alors, y a-t-il suffisamment de pluie pour vous satisfaire brave gens ou dois-je faire usage d'un peu de magie afin d'honorer la promesse qui a conduit vos pas jusqu'ici ? Demanda-t-elle, en se mettant tout à coup à le vouvoyer avec facétie. Souriante et l'air plus espiègle que jamais, la rouquine daigna tout de même attendre un retour de sa part avant d'entreprendre un quelconque enchantement.

La nostalgie d'après la pluie...

Se laissant séduire à son tour par l'horizon qui se dessinait devant eux, la jeune femme commençait doucement à comprendre ce qui pouvait autant plaire à Arsénius au travers ce temps. Là où elle semblait avoir trouvé quelque chose de sinistre, lugubre - presque funeste pour ne pas dire inquiétant - Lui avait plutôt trouvé tranquillité, beauté et étrangement, comme un sentiment de liberté ? Il n'y avait qu'à voir la façon dont il se délectait de la vue pour s'en rendre compte au moins un tout petit peu. Venant finalement le rejoindre près du garde-corps, elle imita son geste en venant poser une main sur le bois de celui-ci, laissant son regard se perdre lui aussi sur le paysage pluvieux qui s'étendait à perte de vue - sous la brume qui se faisait moins épaisse au sommet.

- Tu sembles receler tant de mélancolie sous tes airs de poète... Néanmoins, c'est joliment dit.

La curiosité qui la rongeait l'aurait presque poussé à le lui demander directement, mais elle craignait de le brusquer, réalisant que peu de gens se confirait à un(e) inconnu(e). Seulement, elle ne pouvait s'empêcher de se demander, ce que la vie avait bien pu lui faire pour qu'il l'envisage de cette manière.

- Je pensais faire usage du charme atmosphérique. C'est un sort de modification du climat. Meteorribilis recanto suffit, en règle générale, à interrompre les effets du charme. Puis dans un demi-sourire, elle ajouta : On n'est jamais trop prudent, c'est vrai. Admit-elle en repensant à cette drôle d'histoire que lui avait comptée son père. Lorsque ce dernier avait son âge, et qu'auprès de Harry et Hermione, il s'était lancé dans une mission d'infiltration au Ministère de la magie - dans le but de récupérer un horcruxe - il avait dû faire face à une anomalie d'un charme identique qui faisait tomber la pluie incessamment dans le bureau de Yaxley. Hermione lui aurait même suggéré de rendre les affaires du mangemort étanches à l'aide d'un Impervius afin de les protéger dans le cas d'un échec pour faire cesser la pluie . Finalement, elle n'avait jamais réellement eu le fin mot de cette histoire, car sa mère n'aimait pas beaucoup que Ron lui raconte de genre d'histoire, de peur qu'elle ne lui mette de mauvaises idées en tête. Et alors même qu'elle commençait à songer qu'elle n'avait peut-être pas tout à fait tort - dans la mesure où elle aurait effectivement pu prendre le risque de faire usage de ce charme atmosphérique afin d'honorer sa promesse - son attention se porta à nouveau sur Arsénius qui lui sourit tout en penchant légèrement la tête sur le côté. Pouvait-il seulement imaginer à quel point la Weasley le trouvait pittoresque en ce moment même ? Ce terme, finit-elle par penser, ne s'employait pas vraiment pour le genre humain, mais c'était une manière de contourner des mots tels que mignon, voire séduisant. Et à ce dernier mot, elle rougit imperceptiblement.

- Dans ce cas, tu m'en vois ravie. Affirma-t-elle en lui rendant son sourire tout espérant que, la légère teinte rouge de ses joues, demeure indiscernable aux yeux du garçon.

À regret, ce dernier finit par sortir sa baguette afin de s'abriter lui aussi de la pluie. Elle se doutait qu'il avait fini par s'y résoudre, bien plus par raison que de gaieté de cœur - même si c'était peut-être un peu tard maintenant pour éviter qu'il attrape froid.

- Ce n'est pas une question évidente, j'imagine que chacun de nous espère secrètement pouvoir changer les choses. En revanche, contrairement à d'autres, j'ai eu la chance de ne pas avoir vécu de chose trop difficile au point de vouloir modifier un événement précis de mon passé. Et puis si on prend en compte les derniers événements récents, ce n'est probablement pas une bonne chose que de vouloir changer le passer. Parce que finalement, même si on espère changer en bien ou en mieux quelque chose de plus grand qu'un événement qui nous est propre, cela ne se passe pas toujours comme on le voudrait... C'est sûrement plus complexe que ça j'imagine.

Puis, un peu dans ce même esprit de "il vaut mieux tard que jamais", Rose interrompue tout à coup son sortilège du parapluie avant de pointer doucement le bout de sa baguette en direction d'Arsénius et enfin, dans un sortilège informulé, elle fit usage du charme d'air chaud.

- Ça ne fera rien d'autre que sécher tes vêtements. Le rassura-t-elle en croisant son regard. Et toi alors, qu'est-ce que tu changerais ? Questionna-t-elle à son tour, un peu plus confortée dans l'idée qu'il n'appartenait peut-être réellement pas à cette époque, mais aussi dans celle qui avait traversé son esprit tantôt concernant sa mélancolie.

La nostalgie d'après la pluie...

Arsénius avait demeuré quelque peu silencieux, comme s'il s'était laissé le temps de la réflexion avant de finalement lui demander si la mélancolie était une mauvaise chose ? - alors qu'elle lui avait ouvertement fait remarquer qu'il semblait en être imprégné, peut-être trop ouvertement ? Songea-t-elle à regret. Et alors même qu'elle se tourmentait dans ses propres pensées, bercées entre la culpabilité vis-à-vis de sa propre façon de dire les choses et ses propres réflexions quant à la question du garçon, elle finit par se dire que la réponse à cette question n'était probablement pas aussi simple ou évidente elle aussi. En revanche si, comme elle l'avait soupçonnée on ne peut plus tôt, la "vie" ne lui avait guère fait de cadeau, il n'était que peu étonnant en fin de compte qu'il soit empli d'une sorte de neurasthénie - assez perceptible chez lui quand on y pense. Et quand bien même elle trouvait sa manière de s'exprimer joliment poétique, il y avait tout de même quelque chose de brisé en lui. C'était presque comme si elle pouvait le sentir, même si cela paraissait étrange dans une certaine mesure.

- Je dirais que non. Mais n'avoir qu'elle pour amie n'est peut-être pas une très bonne chose... Lui souffla-t-elle.

Évidemment, il ne fallait voir en ces mots aucun jugement sur la façon dont il voulait mener sa barque, car il n'y en avait aucun. Disons simplement que c'était sa manière bien à elle de lui tendre la main et de lui offrir - peut-être - un peu plus que davantage de pluies ? Néanmoins, elle ne savait que trop que nul était dans l'obligation d'accepter l'amitié de qui que ce soit s'il n'en avait pas envie.

- Je vois... Répondit-il, après avoir sagement écouté la réponse qu'elle lui retournait concernant la chose de son passé qu'elle changerait si elle en avait eu le pouvoir. Chose à laquelle elle avait tenté de répondre le plus honnêtement possible. Profitant également cet instant pour se mettre à l'ouvrage, la demoiselle avait espéré - via un sortilège dit d'air chaud - de sécher les vêtements trempés du brun alors qu'elle finissait de parler à propos de ses choses du passé...

- Ça ne fera rien d'autre que sécher tes vêtements. Le rassura-t-elle en croisant son regard. Et toi alors, qu'est-ce que tu changerais ?

Mais vraisemblablement, ses intentions de base - aussi bonnes furent elles - n'avaient guère étaient comprises et, comme s'il s'était senti menacé par son mouvement de baguette envers lui, Arsénius s'était aussitôt éloigné d'elle dans un mouvement de recul, fort brusque, juste avant de se figer le souffle presque coupé. Rose n'avait pas eu besoin d'en voir plus que déjà elle pouvait lire la peur qui avait saisi son regard noir de jais. Un peu stupéfaite, elle laissa littéralement sa baguette tomber à terre, faisant rompre le charme à peine le bois de celle-ci avait quitté le bout de ses doigts avant de se figea elle-même. Avait-elle fait, ou dit, quelque chose de mal pour qu'il se sente aussi menacé par elle tout à coup ? Confuse, elle n'eut malheureusement point le temps d'éclaircir la situation, que déjà le garçon s'en était allé. Dévalant dangereusement les marches glissantes, qu'ils avaient mi précédemment tant de temps à monter.

- Arsénius attend ! Lui hurla-t-elle en vain. Sois prudent au moins... Acheva-t-elle en le voyant courir avec si peu de prudence dans ses escaliers qui, par ce temps, ne promettaient sûrement rien d'autre que la mort à la moindre marche manquée. S'en retournant finalement au garde-corps où ils se trouvaient tous les deux encore quelques minutes auparavant, Rose le regarda finir sa course une fois qu'il fut arrivé en bas - soulagé qu'il ne lui soit rien arrivé dans sa course folle. Levant finalement les yeux en l'air, elle laissa la pluie recouvrir son visage pâle, avant de sourire avec mélancolie. Prince avait raison, la pluie pouvait bel et bien avoir ce petit côté réconfortant qu'il aimait tant.

Sa baguette à ses pieds, elle demeura là encore un moment avant de quitter la tour, à son tour.