Derrière un long voyage, il y a toujours des retrouvailles.

Une vie sans regret, ça n'existe pas. Peu importe qui nous sommes, peu importe l'âge que nous avons et le même monde auquel nous appartenons n'a pas de réelles importances face à de tels propos. Car Sirius était certain qu'aucun homme – avec un grand H – ne pouvait prétendre n'avoir jamais éprouvé de regret face à quelque chose, envers et/ou pour quelqu'un. Lui, il en avait beaucoup à dire vrai. Mais son plus grand regret avait toujours été d'avoir abandonné son petit frère aux mains de leurs parents, de leur mère tout particulièrement. Pire encore, jamais, il ne pourrait se pardonner d'avoir laissé Regulus s'allier à celui dont, autrefois, on n'osait pas prononcer le nom. De l'avoir laissé s'engager sur cette voie sans issue. De l'avoir indéniablement conduit à sa fin, à sa perte... Certes, il n'était peut-être pas responsable des choix de ce dernier, mais peut-être aurait-il pu revoir la priorité de ses engagements s'il avait été un aîné digne de ce nom. Digne de lui ?

Conscient également qu'il ne pouvait point refaire le monde avec des si. Des peut-être encore moins, il savait que faire les cent pas ne l'aiderait en aucune façon à se sentir mieux. Néanmoins, cela lui permettait – dans une certaine mesure – de mettre un peu d'ordre dans ses idées. Dans ce monde, à cette époque, tous deux sont morts. Mais ici, dans cette nouvelle temporalité qui les avait arrachés à leur époque d'origine, peut-être avaient-ils encore une chance de pouvoir changer les choses ? Non Sirius... Tu ne peux pas faire cela. Il arrive d'horribles choses aux sorciers qui s'amusent à trifouiller le temps ! La preuve, puisque tu es ici petit idiot ! Lui souffla sa conscience sur un ton fort comparable à une en garde, mais quelque peu mêlé à de l'inquiétude et de la colère également. Cela étant dit, avec — ou grâce , qui serait sans doute un terme plus juste ici – cette étrange divagation du temps, il lui était offert aujourd'hui de retrouver cet être ayant quitté ce monde beaucoup trop tôt... De renouer ? Espérait-il alors qu'il s'attelait à mettre un pied devant l'autre, pensif à nouveau.

Était-ce réellement une si mauvaise chose – que d'être ici ? Il se sentait parfois seul, c'est vrai. Mais cette époque lui rendrait peut-être son petit frère, alors était-ce vraiment si horrible, finalement, que d'être là ? Se demanda-t-il encore en enflammant le bout de sa cigarette.

La veille au soir, lorsqu'il avait reçu le hibou de son filleul, Harry, lui informant de la présence de Regulus ici - à Fullen, il s'était laissé tomber de ton son long. À même le sol de son dortoir, il était resté planté là un long moment. Les yeux embués de larmes, le cœur serré. Quand enfin il avait retrouvé ses esprits, il avait souhaité se rendre, sans plus attendre, au village. Mais la nuit était déjà tombée et quand bien même, il parviendrait à se faufiler hors du château, c'était une toute autre histoire concernant Fullen, presque aussi bien gardé que Gringotts.

Le temps, entre le moment où il avait reçu cette fameuse lettre et celui où il avait enfin pu poser un pied – en toute légalité – au village, lui avait paru interminable. Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit, se triturant sans cesse l'esprit. Comment aller réagir Regulus en le voyant ? Avait-il été informé de sa venue ? Serait-il enclin à le recevoir, à lui parler ? Tant de questions qui allaient bientôt recevoir, espérait-il à nouveau, des réponses.

- Reg... Souffla-t-il simplement en le découvrant, assis là – sous l'ombre d'un arbre, dans le beau jardin de la demeure dans laquelle il vivait à présent.

Codage par Libella sur Graphiorum

Derrière un long voyage, il y a toujours des retrouvailles.

Enflammant le bout de sa cigarette de son Zippo - briquet qu'il s'était procuré il y a environ deux an chez un Antiquaire moldu - Sirius faisait les cent pas. Les mains moites et la gorge sèche, probablement dû à l'anxiété qui le rongeait, il tentait de rassembler son courage bien plus qu'il ne réfléchissait en réalité. Retrouver son frère avait toujours été un souhait qu'il chérissait, mais il n'avait jamais réellement envisagé que les choses puissent se passer de cette façon - si loin de chez eux. Mais n'est-ce point mieux finalement ? Un peu perdu, c'est vrai, entre ses pensées et ses craintes, il se réjouissait néanmoins. Jamais il n'avait été si proche du but auparavant. Jamais il n'avait été si près de retrouver Regulus. Alors, au diable tant d'hésitation ?

Crachant une longue bouffée de sa fumée, à l'odeur enivrante de caramel, Sirius s'ancra au sol un moment afin d'observer la scène qui se jouait sous ses yeux ébahis. Un peu plus loin, un jeune garçon venait apporter un plateau de nourriture à Reg. Ce simple grste - ce simple geste - aurait pu paraître banal pour n'importe qui d'autre... Mais il n'était pas rien ou simple aux yeux de Regulus, sans doute pas plus qu'il ne l'était pour Sirius lui-même - qui tout comme son cadet n'avait point toujours mangé à sa faim sous la coupe de leur misérable mère. Il sourit alors, le cœur serré à cette pensée, mais heureux de réaliser qu'ici au moins, il était bien traité et peut être même qu'il était aimé ? Apprécié à sa juste valeur ? Et que, pensa t-il le cœur lourd cette fois, cela lui éviterait un sort funeste ?

Le Black se figea tout à coup en entendant le plus jeune prononcer son nom. Impossible de reculer cette fois, son regard était bel et bien posé sur lui - un simple geste-là encore, pourtant, il en eut le souffle coupé.

- En chair et en os. Marmonna-t-il crispé en amorçant quelques pas dans sa direction, imitant ainsi Regulus qui avait délaissé son ouvrage pour le rejoindre.

- Je... S'interrompit-il en se maudissant de ne pas parvenir à trouver suffisamment de courage pour lui dire qu'il était heureux de le revoir, lui aussi en chair et en os. Enfin ! Incapable de prononcer un mot de plus, il se contenta alors de réduire à néant le peu de distance qui les séparait encore afin de le prendre au creux de ses bras. C'était sans doute un peu prématuré dans le sens où il ignorait ce que ressentait ou espérait Regulus à son égard, mais au moins - ainsi - il serait vite fixé.

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Derrière un long voyage, il y a toujours des retrouvailles.

Le sept janvier 2021. Ce fut à cette date précise que Sirius Black s'était vu arraché à son monde, à son époque, à ses amis... D'ici, 1997 lui paraissait une époque bien lointaine. Presque à l'image d'un souvenir, qu'il ne pouvait plus que toucher du bout de ses doigts. Un souvenir douloureux, qui ne manquait jamais de lui endommager la poitrine à chaque fois qu'il avait le malheur d'y songer un peu trop. Il savait que le temps, finirait tôt ou tard par soulager sa peine, mais secrètement, il ne rêvait que de retrouver les siens - les maraudeurs, son jeune frère disparu trop tôt. Il savait qu'ici, dans cette temporalité incertaine et éclaté, il pouvait sincèrement l'espérer sans forcément craindre que cela n'arrive jamais. Car, après tout, sa seule présence ici était la preuve que tout était finalement possible. Une preuve suffisamment crédible, selon lui, pour nourrir ses espoirs. En revanche, la seule et unique chose qui mettait parfois, ses espoirs et sa patience, à rude épreuve était le temps lui-même. Quand, allait se décider à lui rendre ses amis, son frère ? Nul ne pouvait le dire et il détestait s'imaginer devoir attendre toute une vie pour ne serait-ce qu'avoir la chance de les revoir.

Ce serait toujours mieux que rien. Pensa-t-il. Mais l'attente lui paraissait de plus en plus longue. De plus en plus insoutenable.

Puis il avait retrouvé Severus Snape, lors d'une balade le long du Lac Noire. On aurait dit que le sort s'acharnait à lui faire croiser, de prime abord, la route de tous ceux qu'il avait tant méprisés et détestés autrefois. Ce qui, en soi, n'était pas plus mal. Peut-être se devait-il d'abord de faire la paix avec son passé, avec ses sorcières qu'il découvrait ici sous un nouveau jour et que finalement, il appréciait ?

Peut-être, enfin, qu'après ça, il aurait la chance de retrouver les siens ? Et, croyez-le ou non, il semblerait que cette théorie se soit avéré vraie - du moins, dans le cas de son jeune frère. La lettre d'Harry, son feuil, était arrivés juste après avoir demandé pardon à Severus... Alors, simple coïncidence ou coup du destin, là encore Sirius n'en sait strictement rien. Néanmoins, et peu importe de quoi il pouvait bien s'agir finalement, Sirius s'avérait très reconnaissant. Avant son arrivée, ici, il y avait bon nombre de choses qui n'aurait pu se réaliser s'il avait demeuré au sein de son époque. Comme le simple fait de pouvoir tenir Regulus au creux de ses bras. Simple action entre deux frères, c'est vrai, mais non des moindre lorsque l'on connaissait - même un peu - leur passif commun.

- Je suis désolé... S'il te plaît, pardonne-moi... Souffla-t-il. Sirius... Sirius s'il te plaît... Je serais bon... S'il te plaît... Ne m'abandonne pas. Sanglota-t-il alors qu'il passait ses bras autour de lui, s'agrippant au dos de ses vêtements comme si sa vie en dépendait ?

Sirius le serra alors davantage contre lui, posant doucement son menton sur le sommet de sa tête afin de dissimuler ses propres larmes. Mais ces dernières, qui parcouraient ses joues avec abondance ne tarderaient point à le trahir en humidifiant le haut de son crâne.

- Ce n'est pas à toi d'être désolé Regulus. C'est moi qui t'ai abandonné à ton triste sort. Moi qui suis parti en te laissant avec elle... C'est moi qui suis désolé Reggie, tellement !

Tellement oui. Et aucun mot ne pouvait exprimer à quel point il était désolé, navré d'avoir laissé les choses tourner de cette façon. Il n'avait guère été en mesure de lui venir en aide à l'époque et à cause de son indifférence, il avait voué sa vie aux ténèbres avant d'y être englouti. Aujourd'hui, il ne ferait point la même erreur. Aujourd'hui, il prendrait soin de lui comme il aurait toujours dû le faire...

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Derrière un long voyage, il y a toujours des retrouvailles.

Pris de cours par les diverses émotions qui irradiaient son corps, pour ne pas dire qu'il était littéralement submergé par elles en réalité, Sirius n'avait guère d'autres choix que de laisser certaines d'entre elles s'exprimer - bon gré, mal gré. Autrement, il aurait sans doute fini par exploser. Bien loin d'ordinaire de se laisser ainsi dominer par ses sentiments, dans ce contexte, il lui était difficile de faire autrement. Comment diable le pouvait-il alors qu'il venait de retrouver de son frère - vivant ? Non, ne rien ressentir en cet instant était tout bonnement impossible si l'on avait un minimum de cœur et, bien qu'il n'eût jamais été un frère idéal à son égard - ou si peu - Sirius avait néanmoins le cœur sur la main. Il aimait à le croire.

- Nous ne pouvions pas survivre ensemble, si tu étais resté, elle t'aurait tuée.
- Peut-être, c'est vrai. Mais je n'aurais pas dû partir sans toi.
- C'était la meilleure chose à faire. Et James. James t'a sauvé...
- C'est sûr que je ne serai pas allé bien loin sans Jamie.
- Les Potter t'ont sauvé.
- Et ils t'auraient aidé aussi, si je n'avais pas été si égoïste.

Admit-il en acceptant volontiers le mouchoir de soie qu'il lui offrait. Séchant alors ses larmes, il le contempla à son tour. C'était si bon de le voir en pleine santé, sans marque apparente... Sirius ne se souvenait même plus de la dernière fois qu'il l'avait réellement vu ainsi. Ce qui pouvait déjà en dire long sur les sévices que leur mère avait pour habitude de leur donner avec abondance. Mais s'il y avait bien une chose qui pouvait le consoler - outre, c'est retrouver avec son jeune frère - c'était qu'ici au moins, l'un comme l'autre n'aurait plus à subir de tels châtiments. Et quand bien même cette femme misérable venait à pointer le bout de son nez dans cette temporalité, jamais plus il ne lui laissait l'opportunité de leur faire du mal.

- Alors, qu'est-ce que tu prévois de faire de ta vie ici ?

Questionna-t-il sans même se douter qu'il eût déjà bon nombre de projets à réaliser en tête. Sans même se douter qu'il se hâtât lui aussi d'avoir la chance de retrouver un certain James Potter...

Codage par Libella sur Graphiorum