Who are you? ❤ Harry James Potter

Lily regardait la porte du bureau se fermer sur elle avec une sensation étrange au creux du ventre. Les règles du voyage dans le temps étaient assez précises et définies. À aucun moment de sa vie Lily aurait voulu remonter dans le temps pour changer quelque chose. Son époque était compliquée, mais elle ne l’aurait changé pour rien au monde. Et cette situation était encore plus étrange que retourner dans le passé. De ce que l’auror lui avait expliqué, elle se trouvait maintenant dans le futur. Plusieurs décennies dans le futur. Ce qui posait, de toute évidence, énormément de problèmes. Elle pouvait donc comprendre pourquoi le Ministère de la Magie était aussi méticuleux sur la question.

Les secondes s’écoulèrent lentement. Même lorsque Lily s’était installée sur l’un des fauteuils devant le bureau dominant clairement la pièce, elle n’avait que ses pensées pour s’occuper. James qui l’attendait à leur mariage. Le connaissant, elle était certaine qu’il penserait qu’elle l’avait abandonné. Décidant de fuir le mariage uniquement parce qu’elle avait changé d’avis. Ce qui n’était bien sûr absolument pas le cas. Malgré les premières années très difficiles entre eux, elle avait fini par tomber éperdument amoureuse de lui. Acceptant tous les pans de sa personnalité tant qu’il ne recommençait pas à tourmenter les autres avec pour seule justification que c’est drôle. S’il n’avait pas autant pris ses responsabilités et arrêté de torturer tous ceux qui pouvaient lui passer sous la main, elle n’aurait jamais cédé à ses avances. James pouvait être très persistant, charmeur, tout en étant un idiot fini. Lily ne pouvait donc imaginer les dégâts que sa propre disparition avait causés.

Elle ne pouvait cependant pas non plus rester focalisée sur le passé. Même si ce passé avait été son présent. Le fait est qu’elle n’était plus. Et d’après ce que l’auror qui l’avait accompagné jusqu’ici, elle n’avait absolument aucun moyen de retourner d’où elle venait. Le temps lui semblait de plus en plus long, la jeune femme décida de ce lever de son fauteuil et faire le tour de la pièce. Rien de très attrayant, un bureau du ministère comme un autre. Quoi qu’un peu plus confortable que d’autre puisqu'il appartenait tout de même au directeur des « voyageurs dans le temps ». Le petit nom qu’ils avaient décidé de donner aux personnes comme elle. Les personnes qui n’avaient absolument rien à faire ici.

Sa main survola quelques secondes l’un des trois cadres. Elle ne pouvait bien évidemment pas deviner les photos qu’il cachait, ne voyant que le dos. L’espace d’un instant, elle hésita. La curiosité est un vilain défaut. Toutefois, elle était curieuse. Quel genre de personne était ce directeur des voyageurs dans le temps ? Qui était désigné pour s’occuper d’eux ? La curiosité l’emporta sur la prudence et la rouquine se saisit du premier cadre. La photo animée était d’un jeune homme. Quelque chose dans son allure lui semblait familier, sans toutefois réussir à mettre le doigt dessus. De toute évidence, elle ne connaissait pas ce jeune garçon. Il éveillait chez elle de la sympathie. Elle reposa le cadre sur le bureau, essayant autant que possible de le remettre à sa place.

La deuxième photo qu’elle saisit semblait représenter une famille. Des parents et leurs enfants. Un léger sourire étira les lèvres de Lily alors qu’elle observait le visage de la femme. Elle semblait douce et aimante. Quelqu’un de bien. Son regard fut cependant rapidement attiré par l’homme après avoir regardé le reste de la famille. Ce n’était pas quelque chose qui avait tout de suite attiré son regard, mais… Il ressemblait clairement à Fleamont. Le père de James. Bien sûr, cela ne pouvait pas être lui. Quelque chose dans son regard était différent. Non. Pas dans son regard. Ses yeux. Elle connaissait ses yeux. Elle pourrait les reconnaître n’importe où. Elle les voyait à chaque fois qu’elle se regardait dans le miroir.

Quelque chose dans cette réalisation la met mal à l’aise. Ce n’était pas vraiment effrayant. Elle eut surtout la sensation qu’elle n’était pas supposée regarder ces photos. La curiosité est un vilain défaut. Elle ne devait pas envahir l’espace personnel d’une personne qu’elle ne connaissait pas. Et l’espace d’un instant, elle résista à la tentation de regarder la dernière photo. L’espace d’un instant. Et sans même qu’elle s’en rende compte, elle avait déjà le cadre photo en main. Peut-être n’aurait-elle pas dû.

Peut-être.

Si elle ne l’avait pas prise. Elle n’aurait pas été complètement choquée. Le souffle coupé. Plus rien autour d’elle n’existait. Le temps n’existait plus. C’était elle. Il n’y avait aucun doute sur la question. C’était James. Lui aussi, elle aurait pu le reconnaître n’importe quand. Après tout, elle avait décidé de passer le reste de sa vie avec lui. Comment ne pas reconnaître l’homme qu’elle allait épouser ? Comment un inconnu pouvait avoir une photo d’eux ? Une photo qu’elle ne se souvenait même pas d’avoir prise avec lui.

Lily était perdue. Parfaitement absorbé dans cette photo d’une époque heureuse en automne. Bien trop absorbée pour entendre la porte du bureau qui s’ouvrait à nouveau.

Tellement absorbée dans sa trouvaille, Lily n’entendit même pas la porte du bureau s’ouvrir. Ce n’est que lorsque la voix du directeur des voyageurs temporels s’éleva qu’elle revint à la réalité. Elle sursauta, manquant de faire tomber la photo entre ses mains. Il était difficile pour elle de ne pas voir les traits de la famille Potter en lui. Il était ce qu’elle aurait vu James devenir si elle n’était pas arrivée ici. Sans savoir exactement, elle savait qu’il y avait une explication. Reste à savoir laquelle.

Son regard suivait l’homme. Il était évident qu’il n’était pas à l’aise avec cette situation. Il suffisait, entre autres, de regarder la tasse qu’il venait de faire tomber en voyant son interlocutrice. Elle était aussi à l’aise que lui en cet instant. Incapable de parler. Hochant simplement la tête lorsqu’il lui demanda si on lui avait déjà expliqué ce qui se passait. Elle savait. Elle savait qu’elle s’était retrouvée projetée à une autre époque. Que pour préserver la temporalité, elle devait préserver son anonymat et taire son passé. Ce qu’elle ne comprenait pas et ce qu’elle ne pouvait définitivement pas ignorer, c’était cette situation. Il ne fallut pas longtemps à l’homme pour cracher le morceau. Lily restait complètement silencieuse, incapable de faire une phrase cohérente.

Potter…

Oui, il avait définitivement l’allure d’un Potter. Quelque chose qu’elle avait vu chez James et chez Fleamont. Il avait la prestance de cette famille. C’était indéniable. Elle se laissa retomber sur le fauteuil en face du bureau. Tellement de questions se bousculaient dans son esprit. Sans savoir pas où commencer. Elle essayait de chercher une explication, n’importe quoi pouvant expliquer l'existence de cette personne en face d’elle. Mais Lily savait. Au fond d’elle-même, elle avait déjà la réponse. Aussi loin qu’elle se souvienne, personne ne portait le prénom “Harry” dans la famille Potter. Ce qui ne laissait qu’une possibilité. Une possibilité qui apportait des sentiments mitigés chez la jeune femme. D’un côté, elle voulait que ce soit vrai. Qu’il soit l’enfant de cette union, d’un amour pur. De l’autre, cette rencontre allait à l’encontre de tout ce qu’on lui avait dit depuis qu’elle était arrivée. Elle n’était pas supposée révéler son identité. Ni connaître celle des autres. Ce plan parfait du ministère tombait complètement en miettes alors qu’elle venait à peine d’arriver.

Est-ce que…

Lily ne savait pas quoi faire. Elle avait l’impression d’emprunter un chemin glissant. Que le moindre faux pas pourrait lui faire dévaler la pente et ce serait tout sauf une promenade. Peut-être était-ce une chance, ou peut-être une malédiction. Quel que soit l'issu, actuellement, il serait dangereux de se lancer tête baissée dans cette histoire. Mais après tout, il était bel et bien le directeur du bureau des voyageurs temporels. A qui d’autre pourrait-elle s’adresser concernant ce genre de chose ? Elle espéra, l’espace d’un instant que tout cela ne soit qu’un rêve. Après tout, elle était supposée se marier. Peut-être qu’elle s’était heurté la tête et qu’elle délirait. Non, c’était impossible. La rouquine savait que tout cela était bien trop réel pour que ce soit autre chose que la réalité. Elle n’avait pas d’autre choix que de sortir le squelette du placard. Elle ne pourrait de toute façon pas avoir l’esprit tranquille si elle décidait simplement d’ignorer la situation et de ne jamais y faire allusion.

Est-ce que nous avons réellement le droit de parler de tout ça ? J’aimerais… Mais je suppose que ce bureau a été mis en place pour ce genre de raison…

Baissant les yeux, Lily posa son regard sur la photo qu’elle tenait encore entre ses mains. Elle ne s’était même pas rendu compte qu’elle ne l’avait pas posé. Suggérer de ne jamais mentionner la possibilité d’un lien entre eux lui brisait le cœur. Comme un poignard s'enfonçant lentement dans son cœur. C’était la dernière chose qu’elle voulait faire. Elle voulait tout savoir, dans le moindre détail... Puisqu’elle s’était retrouvée dans le futur, quel mal y avait-il à savoir le passé ? Le regard rivé sur le visage de l’homme qui avait réussi à conquérir son cœur, Lily pouvait sentir les larmes envahir ses yeux. Comme si les démons qui sommeillaient en elle se réveillaient et revenaient la hanter.

D’un geste peu assurer, elle repose la photo sur le bureau. Ce n’était de toute évidence pas la sienne et peut-être qu’il serait préférable qu’elle oublie l’avoir jamais vue. Celle-ci, ainsi que les deux autres. Après tout, elle n’était même pas certaine de pouvoir un jour retrouver James. Ou que leur histoire ne puisse un jour retrouver son cours.

Je ne veux pas créer de problème… Si c’est plus simple, je peux juste prendre mes papiers et disparaître.

Évidemment, ce n’était pas ce qu’elle désirait. Cependant, Lily pouvait concevoir les risques d’une telle interaction. Ou même le simple fait de savoir. Elle voulait que quelqu’un éclaire sa lanterne et réponde à toutes ses questions. Le concept d’être aussi proche d’avoir les réponses à ses questions sans jamais pouvoir y accéder était effrayant. Essayant de se redonner contenance, elle leva la main pour enlever les larmes qui avaient coulé le long de ses joues en les essuyant. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle posa à nouveau son regard sur Harry. Torturée à l’idée qui puisse lui dire qu’elle avait raison et que ce serait mieux de ne jamais se revoir. Elle avait besoin, plus que n’importe quoi, de savoir et d’être rassurée.

L’espace d’un instant, le désespoir m’envahit. Il avait l’air si distant. Détaché de la situation. Comme s’il voyait ce genre de cas passer tous les jours. Et c’était sûrement le cas. S’il travaille dans le département des voyageurs temporels, il voit probablement passer des personnes dans la même situation que moi quotidiennement.

Pourtant j’osais espérer que ce soit différent avec moi. Si j’avais raison, si mes suppositions sont vraies, je ne pourrais pas juste être un cas comme un autre. Mais le voir déposer sa boite de mouchoire devant moi de manière si détachée parce qu’il m’avait vu essuyer mes larmes… Mon cœur s’était serré.

Par dessus le marché il fallait maintenant que je me crée une toute nouvelle identité sans aucun rapport avec moi-même alors que je n’ai définitivement pas la tête à tout cela. Je restais silencieuse un moment. Le regard fixé sur les documents à remplir. Mon regard ne se releva vers lui que lorsque le mouvement de sa main vers son visage attira mon regard.

Sous mes yeux, je pouvais voir le masque tombé. Je faisais mon possible pour respecter les règles que je ne connais pas encore. Et lui aussi. Mais comme je m’en doutais, cette rencontre était trop hors norme pour qu’elle soit simplement oubliée et que tout le monde fasse comme si de rien était. En le voyant retirer ses lunettes pour essuyer ses yeux et renifler, je ne pouvais pas rester sans rien faire.

Mais dans ce genre de cas, que dire ? Que faire ?

Sans réfléchir, alors qu’il s’excusait et me confiait qu’il était heureux de m’avoir rencontré au moins une fois, je bondis presque hors de ma chaise pour faire le tour de son bureau. Hésitante, je posais une main sur la sienne et je m'accroupis à côté de lui.

Pardon, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Je veux savoir ce qui s’est passé. J’ai tellement de questions que j’aimerais poser et avoir les réponses. Mais je n’ai pas envie de… la politesse me poussait à le vouvoyer et pourtant, te mettre dans une situation délicate et enfreindre les règles mises en place par le ministère.

Je tendis ma main libre vers sa joue pour essuyer l'humidité qui restait sur celle-ci. Affichant un léger sourire. Je ne pouvais pas savoir ce qu’il avait vécu. Mais son choix de formulation de phrase en disait beaucoup. De toute évidence il n’aurait probablement pas été dans cet état là s’il avait grandi en me connaissant. Et s’il est fier de m’avoir rencontré au moins une fois… C’est qu’il s'est passé quelque chose durant sa petite enfance. Une partie de moi voulait savoir. L’autre avait peur de ce que je pourrais découvrir.

Quoi qu’il arrive, cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas rester en contact. Enfin… Si tu le souhaites.