Nouveau tuteur. Nouvelle vie.| Ft Regulus.

Regulus n’avait pas encore fait un détour par Poudlard.

Il était arrivé et on l’avait consigné dans un bureau du ministère, c’était tout juste s’il avait compris la situation. L’ambiance était morose, on avait regardé son bras – il était vierge de toute marque, ce n’était pas une surprise, puis expliqué rapidement le phénomène qui l’avait amené ici.
Il avait eu du mal à le voir, cela paraissait tellement invraisemblable.

D’ailleurs, au tout début, Regulus avait pensé à une sale blague des Maraudeurs, quelque chose qui aurait déconné de manière considérable.

On lui avait demandé de ne pas sortir du ministère tant que les papiers n’étaient pas signés, Regulus s’était alors exécuté – c’était un enfant sage, il était resté digne et fier, répondant du mieux possible aux questions qu’on lui posait, en posant le moins possible. On lui avait demandé quel nom d’emprunt il souhaitait prendre à sa sortie, il eut à y réfléchir quelques secondes avant de donner celui de Denebola. C’était aussi une des étoiles les plus marquantes de la constellation du Lion, quant au patronyme Wald, il s’agissait ni plus ni moins que de la traduction allemande du mot forêt, qui pouvait être également associé, là-bas, au « black » de la forêt.

Passa-t-il deux nuits dans cette pièce sommaire à lire les livres qu’il avait sous la main ? Peut-être. Il ne déambula même pas dans les couloirs du ministère, bien qu’il ne fut pas prisonnier, Regulus n’était pas comme cela. On lui dit qu’il serait accueilli chez un membre de sa famille, il pensa immédiatement à un oncle, peut-être plus lointain que ceux qu’il connaissait, alors, il hocha la tête tout en serrant discrètement les poings. Ce n’étaient sûrement pas ses parents : membre de sa famille, c’était trop vague pour qualifier ses parents et puis ces gens-là semblaient détester toute forme de magie noire.

Lorsqu’il arriva devant la maison dans ce village inconnue, le cœur de Regulus se serra. Dans la pièce voisine, il entendit des voix indistinctes mais resta immobile. La porte s’ouvrit et il put voir son heureux bienfaiteur.
Le garçon resta figé.

La bouche légèrement entre-ouverte, les yeux ne quittant pas Sirius, il était actuellement en train de regarder son frère qui avait pris de l’âge. Ce n’était pas son père, malgré la ressemblance, c’était bien Sirius dans toute sa forme et sa grandeur (il avait encore pris quelques centimètres, c’était impressionant)

La bouche de Regulus se ferma puis s’ouvrit.

« Non, pas mort. », dit-il comme s’il se sentait obligé de se justifier.

Sirius avait fait quelques pas en sa direction, pas beaucoup mais c’était déjà trop. Sans y faire trop attention, Regulus recula.

« Je suis Denebola. C’est mon nouveau nom. », fit-il comme s’il ne pouvait pas s’empêcher de le corriger à ce sujet, concernant le patronyme qu’on lui avait fait prendre. Il chercha du regard l’agent du ministère qui l’avait amené ici mais il s’était déjà esquivé. Regulus n’en fut que plus mal à l’aise.

« Je suis obligé de rester ? Tu vas prétendre m’aimer ou t’occuper de moi, c’est dans les papiers que tu as signé ? Toi et moi, on sait bien que nous n’avons rien en commun, ce n’est pas la peine de prétendre l’inverse. »

Regulus avait mal ; et quand c’était le cas, il ne pouvait pas s’empêcher de blesser. Il revit les blessures que ses parents avaient infligé à Sirius, puis à lui-même après son départ, ressentit le coup du Doloris. Il ne pouvait pas rester ici, ce n’était qu’un sentiment illusoire de paix. Sirius ne pourrait rien pour lui et il ne pourrait rien pour Sirius, autant qu’il n’avait rien pu faire pour le sauver ou se sauver lui-même.

A Azkaban ?

Les lèvres de Regulus tremblèrent légèrement, ses mains se crispèrent un peu.

Comment cela, ça leur ferait quelque chose en commun ? Sirius était passé à Azkaban, c’était pour cela qu’il avait l’air aussi sérieux et grave ? Et lui, qu’avait-il fait ? Avait-il fui ? Il faudrait qu’il lui pose la question, il voulait savoir ce qu’il avait eu dans le futur pour que les Aurors examine son bras avec autant d’attention. Il avait également hâte de retrouver ses amis, mais demander à Sirius où ils se trouvaient pourrait ne pas être une très bonne idée.

« Par Salazar, Azkaban ? Comment ? Tu es Sirius, c’est tout ce qui compte, et oublie cette histoire, je suis Regulus, c’est tout, peu importe l’époque. », au moins, les paroles de Sirius lui confirmaient une chose : dans le futur, son futur, il était mort. Comment ? C’était un vrai mystère. « Ok. Faisons un pacte. Moi, j’habite ici, et toi, tu me fous la paix et tu ne me lances pas de Doloris. Ça peut se faire, je suppose ? »

Il était évident que ça pouvait se faire. Il ne voyait pas pourquoi Sirius s’en prendrait à lui, il ne lui avait jamais fait rien de pire que l’ignorer ou lui raconter de totales conneries. Sans doute avait-il était son meilleur ami, mais c’était avant, avant Poudlard et qu’il ne rencontre ce Potter. Avaient-ils eu une histoire ensemble, au juste ? Regulus se demandait également si c’était cet aspect-là de lui que Mère détestait tellement en Sirius (et qu’il essayait désespéramment de cacher).

Il n’enlacerait sans doute pas Sirius comme il pouvait le faire avec ses plus proches amis, ni ne lui déclarerait son amour ; ce n’était pas Regulus, il avait tant de choses à apprivoiser et accepter avant cela. Déjà, il devait trouver Barty et Evan, pour lui poser des questions – eux devaient en savoir plus, ils passaient tout leur temps libre ensemble, et puis il verrait ce qu’il ferait. Au moins, dans ce futur alternatif, sa mère ne serait pas derrière son dos pour qu’il reprenne le flambeau des Black.

Quelqu’un l’avait-il au moins repris ? D’après ce qu’il comprenait, étant donné que Sirius avait sa « garde », il supposait que c’était de nouveau lui, l’héritier des Black.

Tant mieux, il s’agissait d’une charge dont il n’avait jamais jamais voulu.

« Je suis mort ? Comment ? Tu le sais ? Et mes amis, Barty et Evan, ceux avec qui je partageais mon dortoir, tu sais, ils sont à Poudlard, revenus comme moi ? Je voudrais leur parler. », il ne parlait pas très fort, mais c’était suffisamment clair pour que Sirius le comprenne. Il n’était pas comme leurs parents, non ? Il n’allait pas l’enfermer dans sa maison pour qu’il ne tente pas de voir ses amis. Il se souvenait qu’entre Barty et lui, c’était un peu tendu, mais pouvait-on en vouloir à son ami ?

« Po-Potter. Tu. Potter, il est ici aussi ? Non pas que ça m’intéresse, mais vous aviez l’air proche. Je me demandais si vous étiez en couple. Mère aurait détesté cette idée. »

Voilà, c’était lancé. Non pas que la réponse l’intéressait personnellement : non, bien entendu !