Si quelqu’un avait demandé à Lily ce qu’elle pensait faire de sa vie, elle n’aurait probablement jamais répondu travailler dans la bibliothèque de Poudlard. Non. En fait, après ses études, elle avait même rejoint l’Ordre du Phoenix. Elle voulait, plus que tout, mettre fin à ce conflit. A cette guerre inutile menée par Vous-Savez-Qui. Personne ne méritait de mourir parce que son sang n’est pas assez pur. Mais cette guerre est maintenant finie. Elle n’était plus à son époque. Il n’y avait plus d’Ordre du Phoenix. Dumbledore est mort. Et c’était son propre fils qui avait mis fin à la tyrannie de Voldemort. Il avait donc bien fallu qu’elle se décide et qu’elle trouve quelque chose à faire.

C’est pour cela qu’elle avait décidé de rejoindre le staff de Poudlard. Et parce qu’elle ne se sentait pas non plus d’être confinée à une ville qu’elle ne connaissait absolument pas. Elle préférait dédier son temps et son énergie à cette école qui lui avait tout appris et accueilli pendant sept ans.

Bonjour.

La rouquine affiche un sourire. Par principe, elle était toujours polie et gentille avec tout le monde. Quoi qu’il arrive. Il lui fallut cependant déposer les livres qu’elle portait avant de se tourner vers son interlocuteur.

Connor Wilson, c’est ça ? L'assistant du professeur de défense contre les forces du mal. Isobel Jones, il ne me semble pas que nous ayons déjà été présentés. Je peux t’aider ?

Avec sa double position, ce jeune homme n’était pas facile à oublier. Son visage semblait pourtant si familier à Lily. Elle ne l’avait pas vraiment côtoyé. Elle l’avait cependant observé. Ici et là. Lors des repas. Jamais un élève n’avait aussi occupé une place dans l’équipe du staff de Poudlard. Cependant, elle était persuadée que ce n’était pas tout. Elle le connaissait d’ailleurs. Elle était cependant pour le moment incapable de mettre présisément le doigt dessus. Et le fait qu’elle doive cacher son identité n’aidait probablement pas non plus.

Je n’arrivais pas à me sortir l’idée de la tête. Je savais que je le connaissais. Mais d’où ? Et après avoir été accueilli à cette époque par mon propre fils, il pouvait être littéralement n’importe qui. Voir même quelqu’un que je ne connaissais pas particulièrement. Il n’y avait absolument aucune raison pour que je me torture l’esprit à essayer de chercher dans mes souvenirs pour retrouver son nom. Pourtant je ne pouvais pas m’en empêcher.

Un léger sourire étira mes lèvres lorsqu’il me répondit. Il n’avait pas tort. Les choses sont compliquées. Et le fait que nous ne puissions pas vraiment parler librement de tout cela en dehors de Fullen. Même si la population était au courant pour les voyageurs temporels, créer des distorsions n’était pas réellement apprécié par le Ministère.

Je récupérais un livre abandonné par un élève sur une des tables. Laissant la question un peu en suspens. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de jouer avec le rebord du livre. Traçant celui-ci du bout de l’index. C’était une question si simple. Si douce. Parfaitement à l’opposé de l’approche qu’avait prit James pour réessayer de me draguer en vain pendant des années. C’était même presque un miracle que j’ai débuté une relation avec lui. Ou que j’ai même accepté sa demande en mariage.

Avec plaisir. Je serais très heureuse de pouvoir discuter autour d’un thé.

Ce n’était réellement pas raisonnable. Et j’avais moi-même du mal à y croire. Après tout, je devais me marier. A quelqu’un de totalement différent. Fonder une famille. Et de toute évidence, une version de moi l’avait bel et bien fait. Mais pas moi. J’avais été retiré de mon temps avant de pouvoir prononcer mes vœux de mariage. Et maintenant je me laisse tenter par ce beau jeune homme.

Pardonnez moi, la question sera peut-être soudaine, mais est-ce que vous auriez été dans l’équipe de Quidditch ? Comme attrapeur ?

Avec un peu d’imagination ce n’était pas difficile de le voir en tenu de Quidditch. Je ne savais même pas pourquoi j’avais pensé à ça maintenant. Bien sûr j’étais fan du sport. Mais je m’y étais intéressée assez tard dans ma scolarité. Surtout parce que j’avais assisté à beaucoup plus d'entraînement lors de ma dernière année.

Sa réponse me fit sourire. Il confirmait ce que je pensais déjà savoir. Cependant avec les nouvelles règles du Ministère de la Magie, donner nos vrais identités n’était pas réellement permis. Pour diverses raisons. Et j’avais déjà enfreint assez de règles en ayant rencontré mon propre fils alors que je venais tout juste d’arriver à cette époque. J’avais décidé que je ne voulais pas en savoir plus sur le passé et sur ce qui s’était passé. Pourtant… Est-ce que cela s’appliquait réellement aux personnes qui venaient de mon époque ? Ou est-ce qu’à Fullen nous avions le droit de parler librement de ce genre de choses ? Juste pas ici à Poudlard ou dans n’importe quel autre endroit du monde pour ne pas risquer de perturber le temps plus qu’il ne l’avait déjà été.

Peut-être qu’il faudrait que je pose la question à Harry un de ces jours. Pour savoir ce que j’ai le droit ou non de faire. Pour l’heure, je devrais me contenter du moment présent. J’y reviens d’ailleurs assez rapidement lorsque je vis Connor attraper un livre. Il me sembla apercevoir quelque chose sur son bras. Cependant très rapidement je mis ça sur le compte de l’illusion visuel puisque le livre venait de lui échapper, lui tomber sur la tête avant de tomber lourdement sur le sol. Je me précipitais vers lui juste après l’avoir entendu gémir de douleur.

Est-ce que ça va ?

Tout de suite, je retirais sa main pour examiner sa tête. Il aurait probablement une bosse. Même si c’était mineur, il faudrait probablement mieux passer par l’infirmerie. Il me fallut un moment pour réaliser qu’il était bien plus inquiet pour le livre que pour lui-même.

Quoi ? Je me fiche du livre. Ce n’est qu’un livre. Il est remplaçable. Il faut s’occuper de cette bosse avant que ça ne s’aggrave. Je n’ai rien ici, il vaut mieux aller à l’infirmerie.

Je lui tendis la main pour lui proposer de l’accompagner. Et je ne pu m’empêcher de penser au fait qu’il était littéralement l’opposé de James. Je l’aime énormément, mais il n’aurait probablement pas pu s’empêcher de faire le cancre et de chouiner plus que de raison pour que je m’occupe de lui. Alors que Connor s’inquiétait pour un livre. N’allez pas vous méprendre, j’aime les livres. Mais je ne mettrais jamais leur valeur au dessus de la santé de quelqu’un.